Alors que la violence éclate dans l’est de la République démocratique du Congo, les catholiques du pays sont invités à prier à la fin de chaque messe pour la paix dans les zones dévastées par les groupes armés, notamment le mouvement rebelle M23 dans la province du Nord-Kivu.
Par Francesca Sabatinelli et Devin Watkins
Les catholiques de toute la République démocratique du Congo offrent des prières pour la paix dans la partie orientale du pays, qui a subi de plein fouet une insurrection meurtrière.
Environ 6 millions de civils ont perdu la vie au cours des 30 dernières années dans un cycle de violence sans fin aux mains de groupes rebelles et terroristes.
En réponse aux troubles, chaque messe en RDC se terminera par une prière pour la paix, à compter du dimanche 18 février.
L’initiative est dirigée par la Conférence épiscopale nationale du Congo et démontre l’engagement des évêques catholiques en faveur de la paix.
Le cardinal Fridolin Ambongo, archevêque de Kinshasa, célébrera la messe le samedi 24 février dans la cathédrale Notre-Dame du Congo de la capitale, pour prier pour « la paix et la tranquillité » dans la région des Grands Lacs.
Au cours de la messe, le cardinal Ambongo priera pour que Dieu réconforte tous les Congolais devenus « victimes d’atrocités » et « tourmentés depuis plusieurs décennies par une insécurité qui a coûté des millions de vies ».
La « poudrière » de Goma
La zone autour de Goma, la capitale de la province du Nord-Kivu, a connu une recrudescence meurtrière des conflits entre groupes armés, notamment le Mouvement du 23 mars (M23).
Goma se trouve près de la frontière avec le Rwanda et d’importants volumes d’échanges commerciaux traversent la frontière via la ville rwandaise de Gisenyi.
La RD Congo accuse le gouvernement rwandais de soutenir le groupe rebelle M23, mais le Rwanda n’a pas répondu à ces allégations.
« Suite à la guerre du M23, la ville de Goma est devenue excessivement militarisée, avec la présence de groupes armés connus sous le nom de ‘wazalendo’ », selon l’évêque de la ville Willy Ngumbi Ngengele. « Cela fait de Goma une poudrière qui pourrait à tout moment exploser en guerre civile, si nous n’y prenons pas garde. »
Risque de catastrophe humanitaire
Goma, ville de près de deux millions d’habitants, accueille également environ 850 000 personnes déplacées en raison d’années de conflit.
Au cours des deux dernières années, beaucoup ont cherché refuge dans sept camps installés par le gouvernement congolais autour de la ville.
Mgr Ngumbi affirme que les personnes déplacées à l’intérieur du pays (PDI) sont devenues « les otages de la guerre du M23, dont le soutien du Rwanda est documenté par plusieurs rapports d’ONG et d’autres agences des Nations Unies ».
Alors que la ville entre dans le Carême, dit-il, Goma est « complètement étouffée depuis que les troupes du M23 ont avancé dans la ville de Sake, à 30 km à l’ouest de Goma ».
Le saké occupe une position stratégique et se situe au carrefour de trois axes économiques majeurs. Les avancées du M23 dans la zone mettent en danger les flux de ravitaillement.
Désormais, prévient Mgr Ngumbi, « il existe un risque réel que la famine éclate à Goma et que les gens commencent à mourir par manque de nourriture ».
Il note que le M23 pourrait fermer toutes les routes d’approvisionnement, affirmant que cette décision laisserait des gens mourir de faim.
“Nous assistons, impuissants”, a déclaré l’évêque de Goma, “à la catastrophe humanitaire qui se déroule”.