Présidant un événement œcuménique et interreligieux en Mongolie, le pape François insiste sur la grande responsabilité des religions et encourage les chefs religieux à poursuivre le dialogue et l’harmonie tout en évitant le scandale.
Deborah Castellano Lubov
Dimanche, le pape François a présidé un événement œcuménique et interreligieux au théâtre Hun, emblématique de Mongolie, à Oulan-Bator, la capitale nationale, auquel ont participé des représentants du shintoïsme, du bouddhisme, de l’islam, du judaïsme, de l’hindouisme, du chamanisme et d’autres confessions chrétiennes.
Des observateurs gouvernementaux et des représentants d’universités étaient également présents à la réunion de promotion de la coexistence pacifique, point culminant de la visite du Pape en Mongolie du 31 août au 4 septembre.
Cette visite marque le 43e voyage apostolique du Saint-Père et le 61e pays qu’il visite depuis le début de son pontificat. Alors que le pape Saint Jean-Paul II avait envie de visiter le pays, il n’a pas pu le faire, faisant du pape François le premier pape à se rendre en Mongolie.
Il s’est rendu dans ce pays asiatique limitrophe de la Russie et de la Chine pour montrer sa proximité avec les quelque 1 500 fidèles catholiques du pays, dont 90 pour cent vivent dans la capitale nationale. Cette visite, comme toutes celles qui ont eu lieu depuis fin février 2022, s’inscrit cependant dans le contexte de la guerre en cours en Ukraine.
Lors de cet événement interreligieux et œcuménique, le message du Saint-Père a insisté sur le fait que l’espoir est possible et que l’harmonie entre les religions a le pouvoir de porter de grands fruits. Il a également mis en garde contre les distorsions de la religion susceptibles de provoquer scandale, violence ou oppression.
Patrimoine de sagesse
D’une manière particulière, le Pape a salué le patrimoine de sagesse de la Mongolie, que ses différentes religions ont contribué à créer, notant qu’il « se limiterait » à explorer dix aspects.
Le Pape a d’abord rappelé son « rapport sain à la tradition », malgré les tentations du consumérisme, et a loué son respect pour les aînés et les ancêtres, soulignant « combien nous avons aujourd’hui besoin d’une alliance générationnelle entre les vieux et les jeunes !
Le pape François a salué le souci de la Mongolie pour l’environnement, un « besoin grand et urgent » ; la valeur du silence et de la vie intérieure, « comme antidote spirituel à tant de maux du monde d’aujourd’hui » ; « un sens sain de frugalité » ; « la valeur de l’hospitalité » ; « la capacité de résister à l’attachement aux objets matériels » ; « la solidarité née d’une culture du lien interpersonnel » ; et « le respect de la simplicité ».
Ce patrimoine, a déclaré le Pape, favorise « un certain pragmatisme existentiel qui poursuit avec ténacité le bien des individus et de la communauté », observant que ces caractéristiques enrichissent le monde.
Grande responsabilité des adeptes de la religion
Le Pape a ensuite souligné la grande responsabilité des adeptes de la religion dans la promotion de la paix et de l’harmonie.
“L’humanité réconciliée et prospère que nous, adeptes de différentes religions, cherchons à promouvoir”, a-t-il déclaré, est symbolisée par cette harmonie, cette unité et cette ouverture au transcendant”, qui, a-t-il soutenu, “inspirent un engagement en faveur de la justice et de la paix”. “, ancré dans la relation des religieux avec le divin.
« En ce sens, chers frères et sœurs, nous partageons une grande responsabilité, surtout en cette période de l’histoire, car nous sommes appelés à témoigner des enseignements que nous professons par la manière dont nous agissons ; nous ne devons pas les contredire et devenir ainsi une cause de scandale. »
“Il ne peut donc y avoir de mélange”, a insisté le Pape, “de croyances religieuses et de violence, de sainteté et d’oppression, de traditions religieuses et de sectarisme”.
Le Saint-Père a exprimé son espoir que les souffrances passées, comme il a rappelé de manière particulière celles des communautés bouddhistes, “confèrent la force nécessaire pour transformer les blessures sombres en sources de lumière, la violence insensée en sagesse de vie, le mal dévastateur en bonté constructive”.
Puissent ces expériences, a noté le pape François, pousser tous les adeptes engagés dans leur spiritualité et leurs enseignements respectifs, à être « toujours prêts » à offrir « la beauté de ces enseignements à ceux que nous rencontrons quotidiennement en tant qu’amis et compagnons sur notre chemin ».
Le Saint-Père a rappelé aux institutions religieuses de Mongolie leur rôle important dans la promotion du bien commun.
« Car dans une société pluraliste attachée aux valeurs démocratiques, comme celle de la Mongolie, toute institution religieuse, dûment reconnue par l’autorité civile, a le devoir, et surtout le droit, d’exprimer librement ce qu’elle est et ce qu’elle croit, d’une manière respectueux de la conscience d’autrui et en vue du plus grand bien de tous. »
Importance du dialogue, du respect
Le Pape a rassuré avant lui sur le fait que l’Église catholique désire suivre cette voie de collaboration, fermement convaincue de l’importance du dialogue œcuménique, interreligieux et culturel. “Sa foi est fondée sur le dialogue éternel entre Dieu et l’humanité qui a pris chair dans la personne de Jésus-Christ”, a-t-il déclaré.
L’Église, a-t-il rappelé, “offre le trésor qu’elle a reçu à chaque personne et culture, dans un esprit d’ouverture et dans une considération respectueuse de ce que les autres traditions religieuses ont à offrir”.
“Le dialogue, en effet, n’est pas antithétique à l’annonce : il ne passe pas sous silence les différences, mais il nous aide à les comprendre, à les préserver dans leur particularité et à en discuter ouvertement dans un souci d’enrichissement mutuel.
Nous pouvons ainsi découvrir dans notre humanité commune, bénie par le ciel, la clé de notre voyage sur cette terre.
L’espoir est possible
Le Pape a reconnu le rôle des religions dans la promotion de la dignité humaine et, pour ce faire, elles voyagent côte à côte.
“Frères et sœurs, notre rassemblement ici aujourd’hui est un signe que l’espoir est possible”, a-t-il déclaré.
“Dans un monde déchiré par les conflits et les discordes, cela peut paraître utopique, mais les plus grandes entreprises sont cachées et presque imperceptibles au début”, a déclaré le Pape.
Il a appelé au soutien mutuel dans la prière entre les adeptes des religions afin que leurs efforts communs pour promouvoir le dialogue et construire un monde meilleur « ne soient pas vains ».
En élevant ensemble nos prières vers le Ciel, le Pape a invité : « Cultivons l’espérance ».
Que ce geste, a conclu le Pape François, « soit un témoignage simple et crédible de notre religiosité, de notre marche ensemble les yeux levés vers le ciel, de notre vie en harmonie dans ce monde, comme des pèlerins appelés à préserver l’atmosphère d’une maison ouverte sur tout le monde.”