Source: Aide à l’Église en Détresse
Un projet réunissant responsables chrétiens et musulmans porte ses fruits dans une région nigériane connue pour ses tensions religieuses.
L’initiative du diocèse d’Osogbo, dans l’État d’Osun, au sud-ouest du Nigeria, encourage la coopération entre prélats musulmans et chrétiens pour désamorcer les tensions et prévenir tout nouveau conflit interreligieux meurtrier.
Soutenu par l’Aide à l’Église en Détresse (AED), le projet vise à contribuer à renforcer la confiance, le respect et l’amitié entre les différentes communautés religieuses via des événements et des activités médiatiques.
L’évêque John Oyejola du diocèse d’Osogbo a contacté Cheikh Musa Animashaun, grand imam d’Osun, après avoir pris ses fonctions en 2016.
Les visites de courtoisie et les messages se sont rapidement transformés en amitié et les deux dirigeants ont décidé d’user de leur influence au profit de l’ensemble de la communauté, où 60 pour cent sont musulmans et 40 pour cent sont chrétiens.
Dans le cadre de cette initiative, différents chefs religieux participent à une émission de radio hebdomadaire, partageant les enseignements de leurs traditions religieuses respectives.
Un forum pour la promotion de la paix et de la solidarité a eu lieu autour des élections nationales de cette année pour contribuer à atténuer les tensions interreligieuses qui ont tendance à surgir lorsque les enjeux politiques sont élevés.
Le père Peter Akinkunmi, directeur diocésain du dialogue interreligieux, a déclaré : « Ce qui s’est passé à Osogbo va bien au-delà du simple respect mutuel et a pris la forme d’une profonde amitié. »
Le père Akinkunmi, qui a suivi un cours d’études arabes et islamiques à Rome avant de retourner au Nigeria, a déclaré que les relations entre chrétiens et musulmans étaient traditionnellement très bonnes dans l’État d’Osun, avant de commencer à se détériorer il y a 15 ans.
L’aggravation des persécutions dans le nord du Nigeria a contraint de nombreux habitants du sud-ouest à retourner dans leur pays d’origine, a expliqué le père Akinkunmi.
Il a ajouté : « Les histoires qu’ils ont racontées, les récits et l’état d’esprit ont commencé à influencer nos jeunes. Ils ont vu les gens revenir les mains vides, leurs vies brisées, et cela a commencé à engendrer de l’amertume.
Le père Akinkunmi a déclaré que la situation s’est aggravée lorsque le gouvernement local a adopté une loi autorisant les filles musulmanes à porter le hijab dans les écoles chrétiennes.
Il a expliqué : « Les communautés musulmanes et chrétiennes se sont traînées devant les tribunaux, et les tribunaux ont légiféré en faveur des musulmans. Ce fut la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Tous les points d’unité entre les dirigeants chrétiens et musulmans ont été brisés et ils ont cessé de se rencontrer. dans les différentes enceintes de dialogue.”
Il a déclaré que la “collaboration actuelle entre l’imam et l’évêque” a finalement “neutralisé la capacité des hommes politiques à utiliser la religion pour manipuler notre peuple”.
Mgr Oyejola a souligné qu’il était déterminé à soutenir le projet et à continuer à œuvrer pour la paix.
Il a déclaré : “Nous ne pouvons pas prêcher le christianisme là où il n’y a pas de paix. Alors faisons la paix avec chaque personne. Nous respectons votre religion, respectez la nôtre.”
Merci à Filipe d’Avillez, qui a réalisé les entretiens originaux.